
La Charte de la FFTP
Nous sommes des festivals de théâtre. Festivals de création ou de programmation. Nous sommes des troupes, des collectifs ou des compagnies. Nous jouons en lieu fixe et en itinérance.
Chaque année, le plus souvent en été, nous réinvestissons notre territoire, celui que nous avons choisi, dans un ou plusieurs espaces à l'origine non dévolus à la représentation théâtrale.
Nous sommes à la fois artistes et organisateurs/organisatrices de nos évènements. Nous sommes attachés à des modes de gouvernance collectifs et transversaux. Beaucoup d’entre nous sont issu.e.s des écoles de théâtre des grands centres urbains. Nous sommes des professionnels du spectacle. Nous avons choisi de travailler ailleurs, pour nous affranchir des modèles de production habituels du spectacle vivant et rencontrer des territoires pour y inventer un théâtre exigeant et populaire. Nous revendiquons une façon nouvelle de construire des festivals, de proposer du théâtre dans les lieux de vie qui en sont éloignés.
Nous fabriquons nos décors, répétons nos spectacles là où nous jouons, le plus souvent en plein air, au contact des habitant.e.s du territoire.
Nous construisons avec ces habitant.e.s une histoire au long cours, tissée avec eux Nos spectacles sont le résultat de la rencontre entre nos désirs d’artistes et nos territoires d’implantation. Nous concevons nos pratiques artistiques en lien avec les habitant.e.s : le choix de nos travaux est conditionné par notre rencontre avec eux/elles, par les liens qu'i.e.ls nouent avec les artistes, technicien.ne.s, bénévoles, organisateurs...
Nous tenons à construire nos économies avec les producteurs/productrices, artisan.e.s et réseaux locaux, pour privilégier les liens humains, sociaux et professionnels ancrés sur un territoire. Après plusieurs années d'implantation, nous constatons que ces activités renforcent et dynamisent le tissu économique local.
Le théâtre que nous revendiquons est public. Accessible à tou.te.s. Nous pratiquons une
tarification solidaire. Nous sommes financé.e.s par des fonds publics, par du mécénat, par nos propres moyens... Mais aujourd’hui, l'autoproduction reste au cœur de nos modèles économiques, faute de moyens conséquents pour mener à bien nos travaux dans des conditions pérennes. Nous portons des projets que nous voudrions à la fois viables économiquement, proposant du contenu artistique de haute qualité et accessible à tou.te.s. Actuellement, ces trois conditions réunies ne nous permettent pas de rémunérer nos artistes et techniciens à la hauteur de leur engagement.
Notre fédération nous a rassemblés autour de questions communes et d'un désir de solidarité nationale. Nous assumons la convergence de nos pratiques, autant que nos pluralités formelles ou esthétiques.
Nous nous heurtons encore trop souvent au problème des formats de subventions ; selon les régions, il existe des aides à la création, des aides aux compagnies, ou encore des aides au financement de festivals de diffusion, mais qu’en est-il des festivals de création ? Ils sont les grands absents des grilles institutionnelles auxquelles nous sommes soumis.
Nous demandons à ce que notre démarche soit considérée, au niveau national, pour ce qu'elle est : artisanale, rurale, reliée à un territoire donné et à ses acteurs locaux. Nous croyons très fermement que la culture est un bien commun que nous pouvons maintenir ensemble. Chacune de nos structures, isolée, est fragile. Nous nous fédérons pour faire connaître nos activités, nous protéger, pour parler d'une seule voix et nous garantir une représentation à l'échelle nationale.
Le monde du théâtre évolue, les façons d'en faire aussi. Nous voyons notre mouvement comme une nouvelle politique de théâtre public, de proximité, un théâtre du bout du chemin.
Chacune de nos structures travaille en totale indépendance vis-à-vis de la Fédération. Nous revendiquons ensemble un savoir-faire, un esprit de solidarité et des engagements communs auprès des publics que nous servons.